Partout dans le monde le droit à l’avortement est attaqué par le système patriarcal. Pour paraphraser Simone de Beauvoir, Il suffit d’une crise économique, politique ou religieuse pour que le système patriarcal remette en question les droits des femmes et des minorités de genre. C'est pour ça, et parce que nos droits se gagnent et se protègent dans la rue qu'on vous donne rendez-vous le 28 septembre, à 11h place de la République à l'occasion de la journée internationale du droit à l'avortement.
En France, près d’une femme sur trois a recours à l’avortement au cours de sa vie. 232 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) y ont été enregistrées en 2022. Chaque année, sur 1 000 jeunes de 12 à 14 ans enceintes, 770 ont recours à une IVG. Le droit à l’avortement, c’est le droit de disposer de son corps, il s’agit d’un droit fondamental. Pourtant, dans les faits, les obstacles restent nombreux : les fermetures de centres IVG, la fermeture de centres du Plannings familial, le maintien de la clause de conscience, la transphobie ou encore les pénuries de pilules abortives entraînent des inégalités fortes en termes d'accès à l'IVG.
Depuis le 8 mars 2024 en France, le droit à l’avortement est inscrit dans la constitution. Il s’agit là d’une victoire symbolique importante face aux réactionnaires et aux anti-choix. Mais cette inscription dans la constitution ne signifie pas la fin de la lutte. L’article ainsi rédigé n'empêche pas les politiques gouvernementales en matière de santé de réduire son accès sur le territoire et de continuer à fermer des Centres d'Interruption Volontaires de Grossesse. Il n'empêchera pas non plus des pénuries de pilules abortives comme celles qui ont existé en 2023, ni le non-respect des lois de la République dans les établissements de santé : délais non respectés, difficultés d'accès au bloc opératoire, insuffisance d'opérateurs volontaires, activité considérée comme une variable d'ajustement. Il n'empêche pas non plus la publication de décrets contraignants pour que les sage-femmes puissent pratiquer des IVG instrumentales.
C’est pour toutes ces raisons que notre combat continue, c’est un combat pour rendre l’accès à l’IVG effectif, c’est donc un combat pour des moyens et du personnel formé pour que chaque personne ayant besoin d’une IVG puisse la faire pratiquer à proximité de chez elle et puisse avoir le choix de la méthode. Ce combat est d’autant plus actuel, que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a jusqu’à présent montré des positions plus qu’inquiétantes sur l’IVG. En 1982, Michel Barnier vote contre la loi Roudy qui visait à instaurer le remboursement de l’IVG. Il est aussi le député qui a voulu ajouter la loi suivante à la réforme sur l’IVG « aucun avortement de convenance ne peut être légalement justifié ». Il n’est pas étonnant que Macron, qui appelait en janvier 2024 au « réarmement démographique » choisisse un tel ministre.
Partout où elle est présente, l'extrême droite menace les droits des femmes et des minorités de genres, et notamment le droit fondamental de décider d’enfanter ou pas, quand et avec qui. En France, Jean-Marie Le Pen qualifiait l’IVG de « génocide anti-français » (une formule reprise en 2018 par la future députée Rassemblement National Caroline Parmentier), et Marion Maréchal proposait encore en 2017 de le dérembourser. En 2022, le RN s’est opposé à l’allongement des délais pour avorter, et n’a pas fait mystère de sa position conservatrice sur la clause de conscience. En 2024, les eurodéputés RN se sont abstenus lors du vote sur l’introduction du droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
Dans ce contexte, il est urgent de se mobiliser pour contrer toutes les politiques qui visent à cantonner les femmes à une fonction procréatrice, au service de leur famille et à limiter le droit fondamental à disposer de son corps.
A l’école, l’urgence est à la mise en place de véritables moyens pour permettre à tous/tes les élèves d’accéder à une éducation aux sexualités et à la vie affective. L'information ainsi que l’accès réel à la contraception, à la contraception d’urgence et à l’IVG sont nécessaires pour permettre à chacun et chacune de disposer de son corps. Les droits des femmes et des personnes transgenres à disposer de leur corps sont des droits fondamentaux qu’il faut défendre.
SUD Éducation 72 revendique :
• Des délais légaux pour avorter harmonisés sur ceux des pays les plus progressistes en Europe, et une prise en charge sans délai ;
• La suppression de la clause de conscience spécifique des professionnel·les de santé ;
• Des moyens financiers pour des centres accessibles sur tous les territoires ;
• Une production de pilules abortives garantie
• Des campagnes d’information tous publics ;
• Le remboursement intégral de tous les moyens contraceptifs ;
• Une éducation aux sexualités à l’école ;
Afin de réfléchir et de discuter ensemble, nous vous invitons à vous rendre à la projection du documentaire "Avortement, les croisés contre-attaquent", le vendredi 27 septembre, à 20h à la salle Edith Piaf.
SUD éducation 72, avec le Collectif Féministe Unitaire appellent également à se mobiliser massivement à l'occasion de la Journée internationale pour le droit à l'avortement le 28 septembre à 11h, place de la République.